Un mauvais usage du monde

Le glyphosate (GLY) est avant tout utilisé sur des parcelles géantes de cultures OGM conçues pour le tolérer, raison pour laquelle on en disperse des quantités astronomiques. Cette utilisation couplée des OGM et du glyphosate n’a aucun effet positif sur les rendements agricoles. Son effet majeur est de rendre possible la transformation des forêts primaires en champs de soja transgénique, en permettant l’exploitation de la terre sans presque aucune main d’œuvre.
Il n’y a pas besoin d’hommes et de femmes qui travaillent la terre dans ces territoires, puisque des machines et des avions peuvent pulvériser du glyphosate.

Le glyphosate est un instrument d’industrialisation de l’agriculture, de son déracinement. Il est une pierre angulaire de tout l’édifice agro-industriel mondial. Il permet la surproduction de protéines végétales en Amérique du sud, qui nourrit ensuite le commerce transatlantique de tourteau de soja, qui permet à son tour la production animale hors-sol de cochons et de volailles, qui induit à son tour toute une variété de catastrophes environnementales – nitrates dans les eaux de consommation, algues vertes, eutrophisation et mort des cours d’eau, etc.

Aujourd’hui, interdire le glyphosate dans une grande région (comme l’UE) induirait des perturbations majeures dans tout le commerce mondial.

Journaliste au Monde, Stéphane Foucart aborde ici la question jamais traitée de la chimie en agriculture, à travers l’exemple canonique du glyphosate, et enquête sur les effets environnementaux et politiques du glyphosate plutôt que sur ses effets sanitaires.

A travers le glyphosate, c’est bien la question de l’industrialisation massive, extensive de l’agriculture qui est posée, et d'un certain rapport au monde.