A l’arrivée du printemps, le hérisson commence à sortir d’hibernation pour reconstituer ses réserves et trouver un partenaire. L’occasion de revenir sur ce petit mammifère dont la présence au jardin est très utile, notamment si vous cultivez des plantes potagères. Malheureusement, le hérisson est l’une des tristes victimes des activités humaines, pourtant son rôle est nécessaire à l’équilibre des écosystèmes. L'accueillir dans votre jardin, en respectant quelques gestes pour favoriser sa venue, est une action simple qui contribue à sa protection.
Créer des passages dans votre jardin
Dès le mois de mars, le hérisson devient très mobile. Ce petit animal à l’allure pataude peut même parcourir jusqu’à 4 km en une nuit, notamment en période de reproduction à la recherche d’un partenaire (mai/septembre). Pour l'accueillir dans votre jardin, il faut déjà lui offrir la possibilité d’y entrer. Pour ce faire, privilégiez les clôtures perméables à la petite faune, de type grillage à mouton, ou aménagez simplement un passage en retournant le grillage sur 15 x 15cm (de toute évidence, en accord avec votre voisin, s’il s’agit d’un mur mitoyen).
Vous pouvez habiller ces « voies de circulation » avec des passages à hérisson, ces dispositifs sont spécialement étudiés pour laisser passer la petite faune. Si votre maison est entourée de murs, vous pourriez étudier la possibilité de réhausser de 15 cm la porte ou le portail de votre terrain. Une fois repérés, le hérisson utilisera fréquemment ces accès pour sillonner son territoire.
Si vous avez une piscine, une mare ou autre point d’eau dans votre jardin, vous éviterez les noyades en fixant une planche de bois rugueuse ou en positionnant une rampe anti-noyade. Certes, le hérisson est un très bon nageur, il ne craint pas l’eau mais il se fatigue vite. Les cas de noyades dans des points d’eau dépourvus de sortie sont fréquents. Les rampes anti-noyades peuvent sauver la vie à bon nombre de petits animaux !
Aménager un abri pour le hérisson
En hiver, le hérisson trouve refuge dans un gîte aménagé de mousse, de feuilles, de branches mortes pour s’isoler du froid. Son sommeil hivernal est entrecoupé de phases régulières de réveil durant lesquelles il chasse et change de gîte. Le reste de l’année, les gîtes servent aux hérissons pour se reposer et pour protéger les femelles et leurs petits, après la période de reproduction. Celles-ci mènent à terme 2 nichées par an, avec 4 à 5 petits. Vous pouvez donc laisser dans votre jardin plusieurs recoins sauvages et offrir ainsi à cette espèce nocturne un habitat naturel approprié : tas de feuilles, broussailles, buissons denses, tas de bois (avec un espace en-dessous) …
Vous pouvez aussi lui fabriquer un gite ou bien installer un gite à hérisson, à l’abri sous une haie, par exemple, et recouvert de végétaux. N'oubliez pas de poser un ou plusieurs abreuvoirs à différents endroits ou des petites gamelles d’eau (type soucoupe), surtout en période estivale. Une grande partie de la faune des jardins profitera de ce point d’eau.
Peut-on nourrir le hérisson ?
La LPO déconseille de donner à manger aux hérissons. Une gestion écologique de votre jardin sera bien plus favorable à la préservation l’espèce et à la biodiversité en général !
Optez pour des solutions de jardinage écologique et bannissez les produits chimiques.
Les pesticides engendrent la raréfaction des proies naturelles du petit mammifère. Si ces proies sont contaminées, elles l’empoisonnent peu à peu.
Le hérisson se nourrit principalement d’insectes (carabes, scarabées…), larves, vers de terre, limaces ou escargots. Vous pouvez lui laisser un tas de compost, il sera très apprécié des juvéniles. Il mange aussi occasionnellement des vertébrés (petits rongeurs, amphibiens ou reptiles). Cette pratique n’est pas courante et se fait au gré des rencontres. Il consomme très peu de végétaux. Si ses proies favorites se raréfient, il peut s’intéresser aux baies et aux fruits tombés au sol. Par son régime alimentaire, le hérisson est un excellent auxiliaire du jardin, il vous débarrasse de façon naturelle des indésirables du potager.
Quelles menaces pèsent sur le hérisson ?
En plus des menaces naturelles, la disparition et la fragmentation des habitats naturels constituent l’une des principales menaces. Le développement de l’agriculture intensive a réduit, voire fait disparaître de nombreux axes de déplacement naturels (haies, lisières, bandes enherbées). Pire, ils sont souvent remplacés par des barrières paysagères artificielles, telles que des canaux, des routes ou des voies ferrées. Les populations de hérisson d’Europe se retrouvent alors relativement isolées les unes des autres, avec des échanges entre individus très limités.
L’empoisonnement et la disparition des ressources alimentaires représentent la seconde cause de disparition de l’espèce. Les pesticides, utilisés en agriculture et largement dans les jardins privés, nuisent considérablement à la biodiversité et entraînent donc une diminution importante des proies naturelles du hérisson. A ce triste tableau viennent s’ajouter les collisions routières, les entraves à sa circulation déjà évoquées dans cet article (grillages ou murs infranchissables), les noyades, les blessures causées par des chiens ou par les tondeuses et autres débrousailleuses...
Une inspection minutieuse du jardin est nécessaire avant d’envisager le passage de ces engins pour couper les herbes hautes.
Participez à la Mission Hérisson
Depuis 2020, la LPO poursuit une grande enquête de sciences participatives, avec le soutien de MOSAIC, le centre de compétences du Muséum d’Histoire Naturelle. Ce programme nommé Mission Hérisson a pour objectif de suivre l’évolution des populations de hérissons en France et d'améliorer les connaissances sur ce petit mammifère (une espèce intégralement protégée au titre de l’article L411-1 du code de l’environnement). Vous pouvez contribuer à cette enquête nationale. Pour cela, il suffit de vérifier la présence de hérissons dans votre jardin, en déposant un tunnel à empreintes durant 5 nuits consécutives. Tous les matins, vous prenez en photo les empreintes observées et cherchez à les identifier. Ensuite, vous publiez vos photos sur le site dédié à l’enquête Mission Hérisson. Idéalement, le protocole doit être renouvelé chaque saison, soit 4 fois dans l’année.
Pour gérer au mieux vos interactions quotidiennes avec le hérisson, le livre Le hérisson d’Europe de Philippe Jourde, naturaliste à la LPO, vous apporte de précieuses informations.
Vous pouvez aussi compléter votre lecture avec l’article Accueillir le hérisson dans son jardin
Crédit Photo Hérisson : Michel Wöhrel