Œil d'expert

BTX et ornithologie de terrain : Test en milieu marin

Texte extrait de l'Oiseau Mag N°134 et écrit par Nicolas Mériau, spécialiste des tests optique de la rubrique pratique de l'Oiseau Mag.

 

La sortie de la longue-vue binoculaire BTX de Swarovski a été un petit événement dans le monde de l'optique. Elle a fait l'objet d'une présentation par Marc Duquet dans L'OISEAU MAG (n°128, 2016). Pourtant on voit encore assez peu d'ornithos l'utiliser sur le terrain.

J'ai souhaité pouvoir la tester dans un environnement marin (en Bretagne) à la fois sur des milieux côtiers, comme les grandes vasières ou le golfe du Morbihan où l'on peut observer les bernaches cravants, ainsi que des canards et des limicoles, parfois à distance. Mais également en mer, c'est-à-dire d'une part en hiver pour chercher plongeons, grèbes, alcidés, canards marins et laridés (mouettes et goélands). Enfin, d'autre part, en période de migration en la testant sur le seawatching, pour détecter les oiseaux marins (fous, puffins, océanites, labbes, phalaropes, alcidés, laridés, etc.).

Cette période automno-hivernale est idéale pour ce genre de test car les conditions météorologiques sont parfois difficiles. En hiver, le temps peut être gris, brumeux, souvent venteux. Il fait nuit assez tôt. De plus, en mer, les oiseaux peuvent se tenir loin du bord, dit : facilement détectables avec une simple paire de jumelles. La mer est souvent formée. Mais aussi, on bénéficie de belles journées ensoleillées avec une mer plate. Les conditions du seawatching sont bien connues : il faut du vent, soutenu, de secteur nord-ouest ou nord là où j'observe (Brignogan dans le nord-Finistère), pour assister à un passage régulier d'oiseaux, aussi bien près du bord que loin en mer. La mer, formée, n'aide pas à détecter les oiseaux !

 

Gamme BTX

Une large gamme de modules pour la BTX

 

Le poids de la BX

 

Le poids de la BTX ne m'a pas semblé un problème. Evidemment je n'ai pas marché 10 km avec sur l'épaule, mais la différence avec une longue-vue classique - même si elle est un peu plus lourde n'est pas énorme. En revanche avec une rotule pendulaire, je pense que la différence se serait fait davantage sentir.

 

Des oiseaux plus gros !

 

C'est ainsi que j'ai pu tester la BTX. Celle-ci était montée sur un trépied Manfrotto en carbone avec une rotule classique (j'ai renoncé à la rotule pendulaire, notamment pour une question de poids). Dès les premiers instants, on est un peu désorienté par le champ dans lequel on regarde. Comme l'a écrit Marc Duquet dans son article, il convient d'abord de faire les réglages nécessaires pour bien voir. Cependant, au début, cela reste déroutant. Les oiseaux apparaissent bien plus gros qu'avec une longue-vue classique (et a fortiori une paire de jumelles). Ainsi j'ai cru voir un goéland arctique (bourgmestre ou à ailes blanches) quand j'ai repéré la première mouette mélanocéphale en vol, assez loin du bord ! De même les goélands cendrés apparaissent nettement plus gros qu'avec une longue-vue monoculaire. Mais rapidement, notre cerveau s'adapte et ce sentiment d'avoir des oiseaux plus gros qu'en réalité disparaît avec le temps.

 

Confort d'observation et détection d'un oiseau

 

Le premier avantage, incontestable, est le confort d'observation. Ainsi, au cours d'une journée quasi complète de seawatching, je n'ai pas ressenti de fatigue oculaire comme ça peut être le cas avec une longue-vue classique. On peut donc passer de très longs moments à scruter l'horizon marin ou à fouiller les bandes compactes d'oiseaux sans éprouver la moindre fatigue. L'autre point tout à fait remarquable c'est la capacité de détection d'un oiseau. Lors des séances de seawatching, du fait d'un champ plus large, j'ai trouvé qu'il était plus facile de trouver un océanite qui bondit entre les vagues qu'avec une longue-vue monoculaire. La comparaison avec mes compagnons munis de longues-vues classiques était nette. De plus, grâce à ce large champ, il est plus aisé de suivre un oiseau qui rase l'eau et qui se perd facilement à cause des vagues. En recherche plus côtière, c'est la même chose. En plein hiver, la détection d'un plongeon ou d'un groupe de macreuses lointain est facilitée par ce large champ. Si la surface de l'eau est calme, cette capacité de détection augmente réellement. C'est un atout considérable et je dois reconnaître que cela change aussi la réalité des choses. En clair, on décèle plus d'oiseaux avec une BTX qu'avec une longue-vue normale. Et on a plus de chances de les identifier (= ceux qui sont loin). Ce qui n'est pas sans incidence. Mal­gré son grossissement fixe (x35), la BTX donne le même résultat qu'une longue-vue classique zoomée à 50 fois. J'ai testé avec un compagnon d'observation. Ce qu'il gagnait en grossissement, il le perdait en qualité de netteté du sujet dans la longue-vue. Lorsque les oiseaux ne sont pas très loin, on ajoute au confort, une précision d'observation supérieure à celle d'une longue­-vue classique. Le détail des plumes est parfait.

 

BTX SWAROVSKI

Confort et précision caractérisent la BTX de Swarovski

 

En conclusion

 

La mise au point est particulièrement fine. Mais tellement fine qu'il faut sans cesse la rectifier pour ne pas avoir une image floue. Ici, le "mieux" est peut-être l'ennemi du "bien". L'appui-front est une bonne idée. Cela donne plus de confort encore pour les observations prolongées. Cependant sur la BTX que j'ai testée, j'ai perdu trois fois cet appui-front en deux jours, car le clip n'est pas assez puissant. Est-ce lié à la BTX que j’avais ? En tout cas, le 3° jour, j'ai laissé l'appui-front à la maison et ne l'ai plus utilisé. Fatalement la lumière qui rentre par la BTX est divisée en deux ensuite pour chaque oculaire. Ce qui fait que dans des conditions de lumière restreinte - temps gris ou très couvert, brume, fin de journée - la luminosité n'est pas toujours au rendez-vous. Cependant le confort et la meilleure détection que l'on a contrebalancent cette luminosité parfois un peu limite et au final on reste gagnant. Évidemment on voudrait parfois un zoom, une lentille frontale plus grande, mais tout ceci entraînerait un surpoids (et un surcoût). Mais dans le domaine de l'optique des progrès se font et il n'est pas déraisonnable de penser que dans quelques années on aura à disposition une longue-vue binoculaire avec un grossissement de 50 ! Malgré quelques petites améliorations à apporter prochainement, c'est un produit très haut de gamme. Certes à un prix également élevé. Mais quand j'ai repris ma longue-vue, j'ai compris un peu plus les avantages que pouvaient apporter la BTX !... Je rêvais d'une longue-vue binoculaire ; Swarovski l'a faite.

 

À propos de l'auteur

 

Journaliste de presse écrite expérimenté et photographe. Après avoir fait ses premières armes en presse écrite régionale, Nicolas Mériau s'est orienté vers la presse magazine. Sa passion pour la photo et les formes d’expression visuelles l’a amené à se spécialiser progressivement et à participer à la création des magazines Objectif Photo et, surtout, Image & Nature, où il a occupé le poste de rédacteur en chef pendant 8 ans. Aujourd'hui journaliste indépendant, il est intéressé par la presse passion et les missions laissant une large part à la créativité et à l’artistique.

 

Extrait de l'Oiseau Mag N°134 page 74.
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Crédit photo : Swarovski optik.